Emilie Gérard

Interview par des stagiaires: Thomas S et Emilie D

Vous avez changé de projet professionnel à plusieurs reprises, comment en êtes-vous arrivée au bâtiment ?

J’avais réalisé mon rêve, qui était de promouvoir des artistes sur une péniche, mais je me suis rendue compte que le milieu de la culture demandait beaucoup de patience, et manquait de rigueur, aussi bien de la part des intervenants que de celle des bénévoles. A la même époque je travaillais à côté de mes études dans la décoration, un milieu qui m’a toujours passionnée, je me suis alors lancé le défi de monter ma propre entreprise. 


 

Justement, pouvez-vous nous dire quelles difficultés vous avez rencontré pour monter votre entreprise ? 

J’ai principalement rencontré des difficultés du fait de mon âge, et surtout, ce n’est pas facile d’être une femme dans le milieu très macho, voire misogyne du bâtiment. Il m’a fallu acquérir la confiance des clients et de mes pairs. J’ai rapidement monté mon show-room dans le but de montrer la qualité de mes réalisations. Être une jeune femme m’a fait devenir la proie de gens malhonnêtes, mais ces mauvaises expériences sont formatrices et m’ont endurcie. D’autre part, c’est très compliqué de gérer une entreprise seule, il faut cumuler toutes les casquettes, et tout ce qui touche à l’administratif prend beaucoup de temps. J’ai heureusement eu la chance d’être bien entourée et conseillée depuis le début. 


 

Qu’est ce qui vous plaît le plus dans ce métier ? 

J’adore travailler les matières, les couleurs. Mon père tient un magasin d’antiquités, et, déjà à l’époque lorsque je travaillais avec lui, j’aimais redonner une nouvelle vie aux objets anciens. Ce qui est passionnant également, c’est de créer un projet singulier pour chaque client, en s’adaptant à l’existant, à ses goûts, aux tendances, mais surtout en réfléchissant à un projet sur le long terme. J’essaie de réorienter mes clients lorsque je les vois se diriger vers des choix dont ils pourraient se lasser rapidement, mon but est de réaliser des créations qui durent dont ils ne se lassent pas. Ce qui compte, c’est que mes clients sont toujours ravis du résultat, et ne regrettent pas de m’avoir fait confiance lorsque je propose des idées un peu plus originales que ce qu’ils me demandaient au départ. 


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Vous êtes donc peintre décoratrice, en quoi cela consiste exactement ? 

En fait je ne suis pas ce qu’on peut appeler une « vraie » peintre décoratrice dans le sens précis du terme. Cette appellation regroupe normalement des gens qui font des fresques, des faux marbres, des faux bois, et je n’ai jamais cherché à maîtriser ces techniques, je préfère  travailler en partenariat avec des artisans dont c’est la spécialité. J’ai préféré opter pour la variété des effets matières : poudre de marbre, chaux, badigeons bios, enduits reliefs… Ce sont des produits qui se développent beaucoup, et les fabricants offrent de plus en plus de possibilités décoratives pour les murs intérieurs. Les modes en décoration, comme en textile, s’accélèrent, et les gens veulent de plus en plus de choses nouvelles, j’essaie de m’adapter à cette envie..


 

Et quelles sont les tendances actuelles ? 

En ce moment c’est sans hésitation les bétons cirés et les effets "tadelakt". 
Dans la même famille de produits, les peintures à la chaux sont également très prisées. 
Et pour ma part, en ce moment je me concentre sur la découverte de nouveaux produits bios.